Une vie de cheval Une vie de cheval résume en quelques paragraphes le parcours de Golf, mon cheval handicapé.

 Passionnée de chevaux depuis toujours, j’ai réalisé mon rêve en créant, en 1995 une écurie de soins pour équidés. N’étant pas du tout  fille d’agriculteur, je suis partie de zéro dans une petite ferme de la Loire. Une structure à taille humaine où chaque individu était soigné, nourri, sorti … suivant ses besoins propres.

 Ainsi, en septembre 2003 Golf a débarqué à l’écurie.                                                                                   Cheval de club, confié par les haras nationaux, dans certains centres équestres pour une valorisation et une cavalerie de qualité. Golf est un grand et élégant cheval de selle, avec de belles origines et des qualités sportives indéniables. Il saute très bien et ne refuse pas les challenges. Conclusion : il est envoyé en concours très, trop souvent. Le changement de cavaliers perpétuel n’arrange pas les choses, certains d’entre eux sont délicats d’autres nettement moins et Golf saute toujours !

 Sans doute, à un moment quelques signes de fatigue et d’agacement sont apparus. Des douleurs lombaires l’ont rendu irritable et imprévisible. « Coup de cul » et « saut de mouton » étaient trop fréquents. Après avoir usé et abusé d’enrrênements contraignants ; le vétérinaire est venu poser le diagnostic d’inflammation lombaire. Le remède « miracle » dans ces cas-là sont les anti-inflammatoires. Puis quand cela n’a plus suffit on pratique des infiltrations d’anti-inflammatoires le long des vertèbres. Ce qui fonctionne plutôt bien si on respecte du repos et un ralentissement important du travail et des efforts. Ce qui n’est pas du tout le cas dans certains établissements équestres qui prennent les chevaux comme de simples outils.

 Ainsi, Golf, à l’âge de 9 ans était déclaré par le vétérinaire, inapte au travail de club début juillet et en Août était au championnat de France ! Trouvez l’erreur !!! 

 En septembre, la déformation lombaire était tellement importante qu’il était bien difficile de ne pas le voir. Très « levretté » Golf trainait ses postérieurs pour marcher.

 Venant régulièrement au club pour le cours de Pony-Baby de mon fils, je proposais mes services de soins « nouveaux » à l’époque : le Shiatsu Equin. J’étais en formation depuis une année à ce moment-là et recherchais des « cas » pour pratiquer durant cet apprentissage.

  Évidemment, quand je l’ai vu pour la première fois ce fut un choc : un cheval maigre, dans un boxe crade et trop petit pour lui. Et la demande était : «  pouvez-vous faire quelque chose pour lui !? … »                    oui, bien sûr : le mettre au pré pour avoir de l’espace et du repos ! Bref, j’acceptais la « mission » en sachant pertinemment que je ne ferais pas de miracle !

 C’est ainsi que Golf est arrivé à l’écurie en  septembre 2003. Bien sûr, on ne m’a pas expliqué pourquoi cette déformation lombaire était si prononcé et pourquoi cette jambe arrière gauche était si raide.

Après quelques soins de ma part et du repos  il retrouvait une mobilité indéniable, mais la déformation dorsale ne bougeait pas. J’ai fait intervenir des pratiquants en ostéopathie, étiopathie … qui m’ont permis de comprendre, peut être  son parcours chaotique, ainsi la rotule de son postérieur  gauche est déplacé sur l’extérieur, ce qui réduit grandement sa souplesse et l’abus d’infiltrations a figé toute la zone lombaire.   

Au hasard des rencontres avec d’autres professionnels l’ayant croisé sur les concours régionaux, m’expliquant qu’avec lui le cavalier devait poser les mains, le guider sur le parcours et Golf faisait le « travail » !!! C’est ainsi que je pense avoir pu reconstituer son parcours possible. 

 

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 Pendant des années, il restera au pré avec des « copains » à la charge de l’écurie qui lui offrit gite et couvert – foin, paille, rations, herbes et abris – sans contraintes pour se mouvoir et de temps en temps sauter une clôture pour rentrer à l’écurie !                                                                                             En effet, le cheval étant la propriété des haras nationaux, le club ne pouvant pas le réintégrer à la cavalerie, puisque l’incapacité à travailler était trop importante, il n’y a pas de solution pour ces chevaux. Le directeur des HN s’est déplacé personnellement afin de constater par lui-même de l’état physique du cheval.

 Ayant déménagé, il y a quelques années, vendu mon écurie, Golf m’a suivi. Je veille particulièrement sur lui vu son handicap car entre son dos et sa jambe raide, le postérieur droit (fort) se tient le plus souvent sous la masse du corps pour compenser et du coup lorsque le terrain est glissant cela devient  très compliqué pour lui de se tenir debout. Les chutes se rajoutent au défi du quotidien !!

 Ma démarche d’écrire ce récit d’une vie est de relater la réalité du comportement humain envers les autres êtres vivants. La maltraitance se cache de façon pernicieuse envers ceux qui ont pourtant, une belle image dans l’opinion publique. Comme les mammifères marins exploités dans les spectacles.                                                                                         Le cheval est victime de notre besoin  de domination, de sensations fortes et d’exploit sportif. Sous prétexte de démocratisation, qui n’est pas compatible avec les besoins physiologiques du cheval, nous traitons souvent cet animal comme un objet.

Le cas de Golf, hélas n’est pas isolé ! À la même période, le club voulait m’amener d’autres chevaux, dans des états similaires, moins maigres mais tout autant « levrettés ». Je n’ai pas dit non, mais je demandais le règlement de pensions pour la garde et les soins ;  curieusement les responsables du centre équestre n’ont plus donné aucune nouvelles !!!

Ces pratiques sont courantes dans toutes les strates du milieu sportif équestre. Cependant il existe des structures hippiques respectueuses et passionnées de leur cavalerie. Mais sans connaissances particulières  comment  repérer les mauvaises pratiques des bonnes ?

A ce jour, 23 Mars 2024, Golf est toujours avec nous. Il a 30 ans cette année et est heureux de vivre malgré le handicap. Il a parfaitement récupéré de son AVC et ne tourne plus sur lui-même sauf lorsque le terrain glisse et que sa jambe « faible » ne peut le soutenir. Donc, aujourd’hui son handicap est la conséquence de la maltraitance de ses jeunes années.

 

 Le plus triste, dans cette histoire est l’attitude aujourd’hui des personnes « responsable » des équidés dans ces années 2000.

 Aux moments des faits, on peut encore trouver des excuses aux cavaliers qualifiés qui le montaient. Parait-il que Golf était pris systématiquement pour faire passer les monitorats. Ce ne sont, donc pas des épreuves de débutants. Et je ne pense pas que le passage de l’examen soit le défis de tenir sur un cheval sauvage ou un cheval en souffrance.

 Aux témoignages de certain.e.s, Golf était compliqué, il fallait le chauffer longtemps avec moult enrênements, sur la défensive constante. N’es pas un cheval qui souffre ? En tout cas, on est en droit de se poser la question !

 Aussi, à l’époque, que les candidats au diplôme, n’est qu’un objectif : réussir l’examen ; et bien soit !

Mais que plus de 20 ans après, on soit resté dans l’explication que le cheval était une « boule de vice » et c’est uniquement par plaisir d’emmerder son cavalier qu’il est été rétif au travail ; fait à l’évidence preuve d’un manque de remise en question. Non pas que les futur moniteur.ice.s se tenaient mal à cheval, du tout, mais juste que le travail demander n’était pas approprié à la monture. Vous viendrez-t-il à l’esprit d’aller courir le marathon de Paris, avec une inflammation du sciatique ? Même sous anti-inflammatoire … non bien sûr.

 Golf a enduré bien des souffrances, en essayant de s’y soustraire autant que possible.

 Pour cette simple raison, je tiens à l’accompagner aussi longtemps qu’il tiendra. Evidemment, il ne m’est jamais venu à l’idée de monter ce cheval, même quand il semblait allé « bien ». Sa déformation lombaire est pour moi rédhibitoire. Je n’ai jamais rien eu à lui apprendre ; il était facile, éduquer, respectueux et très sociable. Il l’est toujours.

 Par contre lui m’a appris : à écouter, à observer, à patienter, à persévérer, à être présent. Des qualités peut valorisante dans nos sociétés consumériste. Moi, Je lui suis infiniment reconnaissante. 

 

 

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